Ce matin, je me retrouve seul devant mon café et je rumine un constat très désagréable : nous sommes de plus en plus confrontés, et cela dans tous les domaines, au fait que pouvoir rime avec arrogance et surtout incompétence. Quand ces trois éléments sont réunis, quel cocktail explosif !

La situation dégénère très vite et les mauvaises décisions ont des conséquences catastrophiques. Alors bien sûr, ce n’est pas un phénomène nouveau. Tout le principe de Peter est basé là-dessus, mais aujourd’hui, il me semble que l’on agit encore avec davantage d’arrogance pour ne pas perdre la face.

Plus qu’avant, il est difficile pour les gens à qui on a donné des responsabilités, donc du pouvoir, d’admettre qu’ils n’ont pas toutes les compétences pour faire ou décider quelque chose. Aujourd'hui, tributaire de leur image, les gens ne réfléchissent plus qu'en terme de carrière. Les personnes ne se posent plus la question de savoir quel poste elles vont prendre pour augmenter ou améliorer leur savoir, mais pour construire leur image ! À ce stade, on apprend plus pour être meilleur. On crée ainsi un déficit en matière de compétence et cela se traduit par une arrogance de plus en plus forte. Il faut toujours avoir l’air de tout savoir !

Au moins dans le secteur privé, les conséquences sont immédiates et à tes propres frais ! Si tu n’es pas compétent, tu te fais virer assez vite, mais dans l'administration, il ne se passe pas grand-chose ou alors beaucoup de temps s’écoule avant qu'une sanction arrive. Un politicien, des chefs de service ou des secrétaires généraux vont prendre des décisions sur des projets, sans écouter l’avis des experts et des gens de terrain, faisant preuve d’illogisme et d’arrogance. Et tout cela évidemment aux frais du contribuable !

Face à la trilogie pouvoir-arrogance-incompétence, impossible de travailler ! Il faut donc avoir le courage de renoncer, même après avoir développé une idée, si les conditions ne correspondent pas à nos critères de qualité. Même si cela peut faire mal, c’est de ma responsabilité en tant que chef d’entreprise de savoir trancher à temps pour ne pas aller droit dans le mur.

Décidément, mon café est bien amer ce matin !

Laurent Sandoz