Alors, redescendu de ton nuage ? me taquine la journaliste Claudia Nuara pendant que je prépare nos deux tasses de café pour notre habituel rendez-vous. Référence bien sûr aux derniers exercices de sauvetage en hauteur, organisés pour nos collaborateurs. Je suis bien sûr très satisfait de voir que nos techniciens, fixes comme freelance, ont saisi cette opportunité de revoir leurs bases, exercer leur savoir-faire ou acquérir de nouvelles compétences. Et cela même si leur présence n’était pas obligatoire !

Car c’est là où réside tout l’enjeu de la formation continue : savoir proposer sans forcément contraindre, tout en faisant comprendre qu’il y a des mises à jour et des formations indispensables pour ne pas devenir obsolète.

Le partage d’informations est la base

Il y a donc une véritable volonté de la part d’Eclipse de faire évoluer son personnel ? demande Claudia. Nous en avons fait une valeur d’entreprise inscrite dans notre charte, que nous cherchons à traduire constamment dans les faits. Ainsi, nous nous sommes d’abord demandé comment partager les informations et les apprentissages de chacun pour des domaines ou des lieux spécifiques. Nous avons ainsi mis en place des plateformes internes, sur le web ou les réseaux sociaux, où cet échange est possible. Cela permet aux collaborateurs d’accéder facilement à un savoir qu’ils n’auraient pas (encore). Ensuite, nous nous demandons quels problèmes ou quelles situations nécessitent que nos employés soient formés et jusqu’à quel niveau. Récemment, une formation interne sur les événements non planifiés a été mise sur pied pour discuter et clarifier la partie opérationnelle, mais surtout pour aborder la communication en lien avec ces événements, un domaine nouveau pour nos collaborateurs.

Donner du temps pour apprendre

La nouveauté étant permanente dans le domaine technique, pas facile d’être au courant de tout, remarque Claudia. C’est pour cela qu’il faut pouvoir donner la possibilité technique d’avancer, car sinon la personne, dans quelques années, ne va plus pouvoir travailler. Cette formation continue doit se faire constamment en raison des spécificités de notre métier et nous devons offrir les possibilités et le temps pour que cela soit réalisable. Cela signifie mettre à disposition du collaborateur des locaux et des jours de travail pour apprendre par exemple les subtilités d’une nouvelle console de régie ou d’un nouveau logiciel. Cela doit se faire en fonction des besoins et des mandats et naturellement de manière coordonnée. Mais surtout, et on l’oublie trop souvent, en rapport véritablement avec son travail chez Eclipse.

Mais faire monter les compétences de la personne, c’est dans l’intérêt de l’entreprise non ? s’étonne Claudia. Cela dépend des circonstances, car tout le monde ne peut pas tout faire, sinon on se perd ! Si tout le monde va donner un coup de main pour monter une scène, qui va répondre au téléphone ou écrire la news de l’événement ? Eclipse a un réel besoin de personnel en backoffice ! Les intérêts personnels c’est évidemment bien, mais cela ne peut pas être payé par l’entreprise. Celle-ci offre par contre volontiers l’opportunité d’utiliser les outils – de la perceuse à l’ordinateur en passant par les salles ou le bus – pour pouvoir se former en dehors de heures de travail. Mais c’est à l’entreprise de décider où et quand la personne peut se former pendant le temps professionnel.

Choix personnel avant tout

Pour l’entreprise, c’est compliqué de faire le tri entre ce qui doit être exigé, recommandé ou au bon vouloir du collaborateur ? interroge encore Claudia. Le problème numéro un, et cela quelque soit le plan que l’entreprise a dans la tête, c’est l’être humain qui se demande : ai-je envie ou pas ? Est-ce que cela vaut encore la peine à mon âge ? La responsabilité de l’entreprise est celle de faire comprendre que les personnes ne peuvent pas tomber dans la facilité, même si c’est très humain de vouloir rester dans sa zone de confort, dans la maîtrise de ce que l’on sait ou de faire simplement ce que l’on préfère le plus dans ce métier. La formation continue sert à ce chaque membre du staff d’Eclipse ne devienne pas obsolète afin qu’il puisse continuer à travailler ici. Notre rôle est de garantir les conditions-cadre pour cette mise à jour permanente.

Mais cela ne veut pas dire que la personne va jouer le jeu, remarque Claudia. L’entreprise va prendre des décisions qui peuvent être lourdes de conséquences ? L’employé a le droit de ne pas vouloir se former mais à quel prix ? Si la personne n’avance pas, elle recule, c’est connu. Elle doit alors accepter qu’elle ne puisse plus occuper un certain poste. A changement de cahier des charges et de responsabilités, changement de salaire. Vers le haut ou vers le bas, c’est le jeu !

Un énorme investissement

Difficile de quantifier la part du budget dédiée à la formation continue en technique, analyse Claudia, puisque cela fait en permanence chez Eclipse. C’est compliqué en effet, car dans notre métier, il y a des moments non productifs. Certains sont facturés, d’autres pas. Par exemple, l’apprentissage interne d’un nouveau lieu, qui propose de nouvelles spécificités en matière de sonorisation, est couvert par Eclipse. Il s’agit d’un investissement pour nous, car nous pouvons effectuer derrière un certains nombre de réalisations, qui elles, seront facturées.

Il faut bien comprendre que l’apprentissage est constant chez Eclipse, car cela commence dès l’apparition d’une nouveauté ou d’un bug et qu’il faut aller visionner deux vidéos pour pouvoir comprendre le problème ou téléphoner à quelqu’un. Il est donc clair que la formation continue représente une part financière énorme de notre budget, mais elle est liée à chaque fonction. Je sais exactement ce que me coûte un employé à l’heure. Pour certains collaborateurs, c’est une partie de leur travail quotidien d’aller chercher de nouvelles informations et d’effectuer des tests. Pour d’autres par contre, ce n’est pas nécessaire de passer 15 à 20% de leur temps de travail à faire des recherches. Chaque collaborateur devrait pouvoir connaître les limites, s’autoréguler et faire la part des choses. Mais dès que le nombre d’employés augmente, le contrôle devient plus difficile. D’où l’importance d’instaurer une certaine hiérarchie qui puisse dire ce qui peut être fait ou pas.

Assurer ensemble l’avenir

Le collaborateur et l’entreprise ont donc une responsabilité partagée dans la marche vers le futur, résume Claudia. L’évolution doit être constante en effet pour pouvoir faire face aux demandes. Eclipse a de plus en plus de mandats de gestion technique de scènes et de bâtiments.
Pourquoi ? Ce sera le sujet de notre prochain café ma chère Claudia !

 

Laurent Sandoz, CEO Eclipse